La période actuelle pourrait bien s’analyser comme un passage d’une société des biens à une société du lien. D’un côté la propriété, la possession, la consommation, l’épuisement des ressources naturelles, la loi du plus fort. De l’autre, le monde que nous souhaitons bâtir qui porte haut les valeurs d’usage et de services, le sens de l’action, la force et l’efficacité liées à la qualité et la complémentarité des relations humaines, le respect de l’environnement, des organisations et des territoires. L’entraide est le principe fondateur de ce nouveau modèle de société, recherché par un nombre croissant de concitoyens en quête de sens.
Les enjeux auxquels nous sommes confrontés sont considérables : transformation des usages, évolution technologique et numérique, vieillissement de la population, lutte contre les inégalités… Nous ne saurons trouver de solutions durables qu’en nous entraidant. Donner et recevoir, être en veille quant aux besoins d’autrui, aborder les problèmes de manière collaborative, où chacun est acteur de sa destinée, mais entouré d’une communauté bienveillante. L’entraide est un marqueur différenciateur fort qui nous ancre dans l’économie sociale et solidaire et propose un modèle humaniste en opposition à un système basé sur la concentration du profit, la marginalisation des plus faibles, la consommation et la destruction progressive des ressources naturelles.
L’entraide n’est cependant pas contraire à la performance économique, car elle contribue à la démultiplier grâce à l’intelligence collective, à la complémentarité des expertises, à l’engagement et aux convictions, dans une finalité d’économie circulaire où les résultats sont réorientés non vers le profit, mais vers les objectifs sociaux et sociétaux. C’est notamment le cas des actions de lutte contre l’isolement des personnes fragiles qui est porté majoritairement par les bénévoles. L’entraide a pour corollaire le développement du bénévolat au sein de la société et sa reconnaissance au même titre que les aidants, ce qui paraît se concrétiser au vu de récentes mesures prises par l’Etat.
L’entraide est reconnue comme un facteur du bien vivre favorisant l’épanouissement personnel, le bien vieillir avec ses effets bénéfiques pour la société. Le Réseau APA défend l’idée que les organisations de l’économie sociale et solidaire ont un rôle majeur à jouer dans ces évolutions. Alors, réactivons un ancien adage « Il faut s’entraider, c’est la loi de la nature ».
Denis THOMAS
Président du Réseau APA
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