La levée du confinement ne va pas stopper le sentiment de solitude qu’ont pu vivre pendant cette période beaucoup de personnes fragilisées. Une solitude exacerbée au moment des fêtes, où même en nombre réduit, la plupart d’entre nous se réuniront joyeusement pour des moments de partages.
Jean-Joseph FELTZ et Valentin CERDAN font partie des bénévoles du Réseau APA qui atténueront l’isolement social en cette fin d’année, via leurs « appels téléphoniques du cœur ». Récits croisés :
« Je ne supporte pas d’entendre dire que les jeunes ne respectent plus rien. Ou bien, ne sont centrés que sur eux-mêmes. L’écrasante majorité est prête à se mobiliser ! » tient d’emblée Jean-Joseph FELTZ, proviseur retraité du lycée d’Altkirch.
Déjà très actif dans le tissu associatif, il s’est engagé en avril dernier, au sein de la Plateforme du cœur du Réseau APA. En effet, l’un de ses anciens élèves avait décidé d’y tenter cette forme de bénévolat originale : lutter contre l’isolement social créé par le confinement COVID. Valentin CERDAN, 19 ans, étudiant en BTS Economie Sociale et Familiale à Colmar est passé à l’action suite à l’appel à bénévolat du Réseau APA. Il nous raconte.
« Pourquoi pas ? Je pouvais bien donner un peu de mon temps à ceux que je nomme aujourd’hui avec tendresse « mes p’tits vieux ». J’avais envie de tenter cette expérience. Je me suis rapidement aperçu que les « déjà-isolés » se sont retrouvés complètement isolés. Et quelque part, je me suis senti fier et utile de veiller sur eux. » explique l’étudiant.
Début décembre, l’étude menée par la Fondation de France et le Crédoc a révélé d’ailleurs qu’une personne âgée sur trois est en situation d’isolement.
Vers une aventure humaine
« C’était plutôt une veille sanitaire au départ. Afin de vérifier si la personne était en capacité de faire ou d’avoir des courses, si elle se portait bien. Les coups de fils duraient 5 minutes. Au fil des appels, les conversations se sont allongées, les gens se confiaient de plus en plus… Et c’est devenu une véritable aventure humaine. » raconte l’ancien proviseur.
« Je m’étais installé dans le canapé, et en regardant ma montre, je me suis aperçu que j’étais resté en ligne 2 heures avec la même personne, sans avoir vu le temps passer ! » se souvient Valentin. Si les appels peuvent facilement durer 30 minutes, « c’est parce que les bénévoles aussi peuvent se confier, échanger, y trouvent leur compte » précise Catherine BREYSACH, responsable du bénévolat du Réseau APA.
« Plutôt que du donnant-donnant, c’est du gagnant-gagnant. » reprend Jean-Joseph FELTZ. Car, quand il retrouve un accent étranger dans la voix de son interlocuteur, le passionné d’Histoire écoute ces récits d’arrivée en France. Il bascule en alsacien ou en allemand dès que possible et approfondi ainsi sa propre pratique. « Je parle de bredalas, de Noël, de cuisine… Et je découvre tellement de choses en retour ! » complète le retraité.
Une 2ème vague plus douloureuse
« Un jour, j’ai découvert que je conversais avec la mère d’une fille en situation de handicap. Et cela lui faisait du bien de s’exprimer sur ses difficultés. Mais j’ai aussi eu une dame qui pleurait beaucoup et qui voulait mourir. Une autre qui avait des vertiges… Pour ces cas, j’ai passé le relais aux professionnels du Réseau APA et j’ai été rassuré qu’elles soient bien prises en charge. » se souvient Jean-Joseph FELTZ.
Catherine BREYSACH a également fait le constat que « les comportements familiaux ont changé. Sous l’effet COVID, la famille ne rend plus visite à ses aînés, il y a moins de contacts. La peur de contaminer crée malheureusement de l’isolement. Sur la 1ère vague, on sentait plus de combativité : on entendait « vous savez on a fait la guerre, on vivait dans les caves ». Alors que sur la 2ème, on ressent plus de détresse et de lassitude. »
Il faut que ça vienne de soi
« On ne peut pas vraiment convaincre quelqu’un de devenir bénévole, il faut en ressentir l’envie. L’envie de s’intéresser aux autres tout simplement. » explique Valentin CERDAN. Si demander comment ça va est le plus important, bien se présenter au premier appel l’est tout autant. « On a bien sûr des protocoles rassurant pour mener la veille sanitaire, des consignes transmises par le Réseau APA lors de la petite formation avant de démarrer. Mais j’aime bien me présenter à ma façon. Il ne faut surtout pas que les gens raccrochent en pensant que je veux leur vendre une cuisine ! » explique en riant le jeune bénévole, avant de compléter « Je me souviens des conversations et des échanges précédents. En fait, je me préoccupe spontanément de leurs petits tracas, savoir s’ils vont mieux, et ça leur fait vraiment plaisir. Au fil des appels on apprend finalement à se connaître. Et ce qui me fait plaisir à moi, c’est que mes appels sont attendus. En récoltant ce que je sème, ces appels m’apportent autant que ce que j’espère apporter.» Une attention, de la considération, de l’enthousiasme. Pour nourrir l’envie de vivre.
Plusieurs formes de bénévolat, ponctuel ou régulier, existent au Réseau APA pour lutter contre l’isolement social. Informations auprès de Catherine Breysach à cbreysach@apa.asso.fr et sur le site www.etrebenevole.fr/