Le Réseau APA a enfin pu annoncer la bonne nouvelle à ses salariés mobilisés pendant la crise. Ils toucheront la prime de 1500€ grâce à l’accord du Conseil Départemental du Haut-Rhin.
En écho à la prime versée aux soignants hospitaliers décidée par le Gouvernement, le Conseil Départemental du Haut-Rhin a donné son accord au versement de la prime exceptionnelle vers les établissements médico-sociaux, afin de récompenser l’effort de ces personnels également très mobilisés au cœur de la crise du Covid19.
« Comme dans nos EHPAD, notre personnel du domicile s’est engagé sans compter, avec force et détermination, malgré la peur, la fatigue et le risque, pour maintenir l’aide et les soins indispensables aux populations les plus fragiles, leur permettant ainsi de continuer à vivre à domicile. Leur présence a également eu un impact sur le fonctionnement des hôpitaux, en permettant d’éviter de nombreuses hospitalisations grâce à leurs passages réguliers. » explique Matthieu DOMAS, Directeur Général du Réseau APA.
De la lumière sur ces anges gardiens
Lors de sa visite fin mai au sein de l’antenne colmarienne de ce réseau associatif d’intérêt général, Brigitte KLINKERT, présidente du Conseil Départemental avait en effet pu cerner quelques extraits de l’engagement exceptionnel des salariés, comprendre la logique de complémentarité entre le secteur sanitaire et celui du médico-social. « Nous sommes tellement heureux de pouvoir appliquer ce geste de reconnaissance nationale à nos salariés ! La crise aura malgré tout participé à mettre en lumière ces anges gardiens, qui travaillent avec discrétion pour apporter confort et dignité aux personnes âgées et handicapées. » s’émeut Denis THOMAS, président du Réseau APA, en remerciant le Conseil Départemental. La prime de 1500€ sera ainsi versée selon les conditions définies par le Département, en particulier aux salariés ayant été en contact physique avec les clients, et selon leur temps de travail et de présence pendant la crise.
Comment le Réseau APA a soutenu ses salariés pendant la crise ?
Pendant que le Réseau APA se battait pour faire reconnaitre l’implication de ses salariés touchés de plein fouet par la crise, il avait également mis en place plusieurs dispositifs de soutien. Notamment une ligne de soutien psychologique pour ses salariés et bénévoles, afin qu’ils puissent décompresser et exprimer leurs angoisses. Un accompagnement aux devoirs, à distance, pour les enfants des salariés a également été organisé grâce aux bénévoles. Pour conserver leur pouvoir d’achat, le Réseau APA avait aussi pris la décision de maintenir à 100% le salaire des personnels en chômage partiel qui n’ont pu être redéployés, suite à suspension de certaines activités. « Nous avons dû batailler avec beaucoup d’énergie pour obtenir des équipements de protection malgré la pénurie, pour tous nos personnels, alors qu’ils sont en contact rapprochés avec des personnes âgées, population qui doit être la plus protégée. C’est une grande satisfaction d’avoir pu fournir le matériel de protection à nos salariés, et d’avoir pu garantir leur protection tout au long de la crise, grâce également à l’appui et au soutien du Conseil Départemental 68, de l’ARS Grand Est et de la Région Grand Est ! » rappelle le directeur général.
A l’heure des comptes, ce que le Réseau APA espère surtout, c’est une vraie réforme de revalorisation des métiers de l’aide à domicile et la reconnaissance de la complémentarité de ce secteur à celui de la santé, dans une logique de parcours du « prendre soin » de manière globale. « Quelle que soit la future loi Autonomie et le projet de création de 5ème branche de sécurité sociale liée à la perte d’autonomie, nous resterons mobilisés pour rendre possible le choix de services solidaires et non-lucratifs ! » conclut Matthieu DOMAS.
Au plus fort de la crise, une auxiliaire de vie du Réseau APA racontait son quotidien
Il ne lui reste que mes yeux fatigués
« Je lui dis bonjour avec mon plus grand sourire, mais elle ne le voit pas car il est caché derrière mon masque. Mon masque la rassure car je me protège et je la protège, mais en même temps, il lui fait prendre conscience qu’aujourd’hui nous sommes en guerre contre un virus. Il ne lui reste que mes yeux fatigués et inquiets pour comprendre que je suis là et que je ne l’abandonnerais pas. Je ne peux ni lui serrer la main ni l’embrasser, car je tiens à elle.
Je lui demande comment elle va. Si elle a bien dormi, déjeuné. Elle me parle de sa nuit à penser à ce virus pendant que je lui fais sa toilette. Elle me dit combien sa famille lui manque et combien elle est inquiète. Je tâche de trouver les bons mots en essayant de prendre soin d’elle. Mais rien n’est plus comme d’habitude. La toilette et les soins finis, je désinfecte tout ce que je peux. Je lui demande si elle veut que je lui fasse quelque chose avant de partir. Elle me répond qu’elle veut surtout me revoir. Je souris, mais elle ne le voit toujours pas. » Sabrina Barléon, auxiliaire de vie en intervention sur Neuf-Brisach